Gâv, c'est bien la vache


SAMEDI 27 juin, 13ème jour de trek :

Tous les matins, nous nous réveillons au chant des oiseaux, qui forment un orchestre complet. Peu à peu nous individualisons des trilles qui se répètent. Cette harmonie est un gage de sérénité.
Aujourd’hui petit-déjeuner chez le chasseur qui bâille car il n’a pas dormi : il nous a surveillés, semble-t-il, et tué un « gâv » : ça, je croyais que c’était la vache, ça m’inquiète.
Pour ma mémoire ou pour son bon sens à lui, à votre avis ?
En tous cas, je vérifierai au retour (nous avons raison tous les deux : gâv signifie vache, mais gâv-e kouhi est une vache-de-montagne, le dictionnaire traduit par antilope, ce qui fait plutôt savane, mais bon, je suis rassuré). Pain frais, beurre blanc toujours apprécié, thé et mâst et dattes du Khouzestân. Nous faisons remplir notre thermos de thé pour la route, et promettons de penser à eux au moment de le boire.
A l’impromptu, et sans aucune préparation psychologique, il faut à nouveau que je m’habille en bâkhtiari. Je considère, en fait, que c’est flatteur, ce doit être une sorte d’intronisation. Attendez un peu, je regarde parmi les photos d’Yvon pour savoir si je vous la montre. Oui... bon, ça va...



Aujourd’hui, il fait chaud, et les pauses se succèdent avant celle de 13h que nous attendons tous deux avec impatience, sans trop nous le dire. Enfin, euh… c’est une supposition.






Ce sera sous des saules, près d’un torrent vif qui offre un bain à bonne température. Un garçon vacher m’indique une petite source où remplir ma gourde. Il est bavard et souriant, mais non, pas de photo, sa casquette l’a décoiffé et ses joues sont mal rasées. Décidément, ici, les hommes sont trop coquets. Moi je sais qu’il aurait fait une très belle photo. Tant pis.
Je vous montre la petite source, vous allez croire que nous ne l'aurions pas trouvée seuls ; Eh bien, ce soir, je prouve le contraire.



Nous reprenons un bout de route très peu emprunté, impatients de déambuler sous les chênes « balout » qui nous sont promis, et dont les glands effilés longs de 7 cm semblent difficiles à consommer tant ils sont durs.  Oui, "on" les consomme !  Bon, d'accord. Un pont nous mène à Tchantchédougen, où je demande carrément un verre de thé quand on me propose de l’eau : question de survie, le col est monstrueux avec un dénivelé de 648 mètres, au diable la bonne éducation !



Quatre heures plus tard, dans la « forêt » où les chênes sont bien espacés et pas bien grands, nous gravissons les lacets sous un soleil implacable, et qui promet, cette fois, de ne pas se cacher. 90 minutes plus tard, nous traînons la patte, sommes fourbus, battus, exténués et déshydratés malgré les litres engloutis, et le lacet suivant n’est jamais le dernier. Une pause avec enfin du réseau permet d’entendre la voix de Marie-Hélène qui jardine au soleil. Le temps est radieux en Bretagne.



Ici, le soleil baisse derrière le col, et, à bout, nous abdiquons ! Nous dormirons au pied d’un bouquet de grands arbres, au creux d’un petit vallonnement, loin des regards. Plus haut, s’élève la fumée d’un camp nomade. Nous avons du flair : comme à midi, une petite source nous attend. Pour reprendre courage, nous dînons, cette fois, avant de nous attaquer à la tente. Le col n'est pas franchi, mais nous avons abattu 23 km.



Les « khasté nabâchin !», « Bon courage !», ou mot à mot « Ne soyez pas fatigués !» nous stimulent souvent sur la route, merci.
Mais le soir je suis « nimédjân », « harassé » ou plus précisément « une demi âme », comprenez « à moitié mort »…

2 commentaires:

  1. Ca te va plutot bien la tenue bâkhtiari.
    Des jolies photos sinon.

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  2. Oui, je suis d'accord et ton sourire montre que tu es ravi d'avoir ça sur le dos...ou peut-être est-ce pour ne pas vexer l'habitant.

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