11ème jour, 2ème jour de trek :
Réveil avec le jour, petit déjeuner succinct. Nous avons rempli nos gourdes avec l’eau de la rivière et le micropur. Trois quarts d’heure pour tout ranger.
Nous commençons par emprunter le canal d’irrigation, puis montons dans un verger, redescendons sur la rivière, rencontrons deux "Turcs" pour un thé à l’ombre (Les "Turcs" sont ici des Azéris). Longeons le canal, mangeons des mûres de mûriers, blanches, très sucrées (puis noires plus tard), et tout au long de la journée des petites cerises un peu acides, délicieuses. Dans le village de Savadjân, nous achetons fromage, galettes, pains, biscuits, bastani-tchoubi (eskimos). Suivons la rivière à nouveau, et rencontrons Hossein qui nous invite à déjeuner dans son « beau village » de briques. Les maisons sont banales mais l’intérieur est nickel : escalier de marbre blanc avec marches pour géants, grand salon à l’étage couvert de tapis, poignées de porte et interrupteurs versaillais (nous rechargeons nos appareils). Cerises, amandes et oranges pour commencer, puis œufs sur le plat avec tomates et cornichons maxi modèle. Hossein doit partir à la Fac et nous quittons sa maison bien rassasiés, pour naviguer entre les troncs clairs de peupliers qui ne laissent pas toujours passer les sacs à dos. Ceux de la rive opposée nous saluent de concert sous le vent.
Nous nous baignons : premier bain dans la Zâyandeh !!
Quel aboutissement !
Le courant est vif, la température fraîche (environ 16°) et cela délasse nos dos endoloris. Le poids des sacs est éprouvant. Heureusement nous sommes à l’ombre la plupart du temps, et par intervalles les pieds dans l’eau du canal. Ce matin j’ai pensé à Marie-Hélène en voyant mes pieds morts après une demi-heure de canal. Nous avons passé le pont de Houreh avant le bain, et nous nous arrêtons avant d’atteindre Iâsetchah. Tente montée sur le sentier des pêcheurs, puis toilette-bain dans la rivière. Dîner : fromage écrasé, galettes.
MARDI 16 JUIN, CARNET de ROUTE,
12ème jour en Iran, 3ème jour de trek :
Nous empruntons à nouveau le canal et, sur quelques dizaines de mètres, la route quand elle frôle la rivière. Iâsetchah domine l’autre rive, et nous avons bon espoir d’arriver vite à Mârkadeh (le village des serpents). Après une longue boucle apparaît un pont et un village. Yvon mange une pastèque entamée qui flotte sur la rive. Elle ne serait pas pourrie… Le panneau d’entrée du village annonce à nouveau Iâsetchah ! Eh oui, ce village est au pied de cette boucle, nous sommes du mauvais côté. Nous déjeunons avec les ouvriers qui construisent une de ces petites terrasses fluviales pour sieste et pique-nique, comme il en pullule sur les berges. Invités au thé, puis galettes, fromages toujours délicieux, tomates pour moi, concombres salés et poivrés. Nous montons au village acheter des glaces, du fromage en barquette, des chips pimentées, de l’ananas en boîte, et on nous offre le pain. Le marchand de légumes nous emmène tous les deux sur sa moto, pour trouver à cinq cent mètres deux concombres et deux tomates gratuits. N’avons-nous pas assez insisté, comme le veut le tarof ? L’usage est, en effet, de refuser l’argent deux fois avant de l’accepter, mais cela deviendra à la longue un jeu lassant.
Je me baigne un peu plus loin. Le sac me meurtrit les épaules. Nager sur le dos dans l’eau froide est censé être bénéfique mais le courant est trop fort, j’abandonne.
Arrivée à Markadeh, pas de kâfinet, mais la poste en fait office : elle ouvre à 17 heures et il est à peine 15 heures. Nous allons tuer le temps dans une tchâikhâné qui nous sert un mâst parfumé. La fille du tenancier nous photographie sous toutes les coutures sans permission, mais la réciproque n’est pas autorisée. Un sms de Marie-Hélène nous apprend la fin des soucis de santé de Sylvie, et Yvon m’offre un zam-zam (imitation Fanta orange) et prend un coca. Nous allons (je vais) décrocher complètement, et vivre cette aventure. Ici, nous insistons trois fois pour payer, en vain, mais à la quatrième, l’aubergiste prend dix mille rials sur les vingt mille que nous sortions.
Dans la poste déserte, après une heure d’internet sous le regard très attentif et trop proche des trois employés inoccupés, nous cassons ensemble des noix et des amandes à même le carrelage, et ils nous offrent des prunes vertes. Je voudrais faire de même à Saint-Pol. Plus loin nous choisissons, pour planter la tente, une terrasse abritée dans une exploitation de luxe qui domine la rivière.
Pour les prévenir de notre présence, nous allons chercher les ouvriers voisins, qui nous offrent le thé, et s’ébaubissent devant notre tchâdor au montage de laquelle ils assistent. Le tchâdor, vous l’avez compris, c’est la tente. Des centaines de ruches restent bien tranquilles. Je demande si les abeilles dorment car nous couchons à cents mètres : oui, elles dorment. La vue plongeante sur les coudes de la rivière est grandiose.

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