4ème JOUR DE TREK - 13ème jour en Iran
Réveil en compagnie de deux autres ouvriers qui assistent à tout notre rangement et à notre petit-déjeuner, qu’ils filment de A à Z.
Nous partons : portions de route, portions de canal où les pieds se gèlent, portions de vergers où il faut se recroqueviller sous les branches, portions de peupleraies où il faut naviguer entre les tronc serrés pour passer les sacs à dos. Nous rendons grâce sous leur poids avec des haltes fréquentes.
Bain et toilette complète dans la rivière avec séance rasage, lessive, réglage des sacs une fois de plus.
Sur la margelle des canaux, je joue les funambules hésitants là où Yvon passe en courant. Cette margelle étroite, pour un seul pied souvent, en terre ou en ciment parfois, court à deux, trois ou quatre mètres au dessus de la berge. Je préfèrerais glisser dans le canal.
Sur un passage routier, nous achetons prunes et prunelles confites comme des pruneaux. Deux familles aisées, en Peugeot 405, nous abordent. Les femmes vantent Paris et dénigrent Téhéran.
Dans le village Hodjatâbâd, nous attendons l’ouverture de l’épicerie pour acheter des glaces infectes, « bière » et coca, pain et fromage. Pas de légumes ni de fruits : je crois que les marchands passent en voiture. Comme l’épicier nous a sans doute roulé avec un grand sourire, après conversation, peut-être pris de remords, il nous donne un pain de plus. Ces pains sont des galettes, bons au sortir du four, mais très vite desséchés.
Nous repartons harassés pour tomber sur un premier barrage fluvial, zone interdite, qui exige un grand détour avec dénivelé de 250 mètres sous le soleil. « Forbidden », qu’il dit, sans effusions. Mais le paysage est ensuite fascinant, avec deux courbes paisibles de rivière bleu canard devant un verger pointilliste, des roseaux vert-fluo, du foin jaune paille à gauche, la roche en falaise presque noire à droite.
A Sad-e Zâyandé : deux contrôles de police coup sur coup, les premiers !
"Passeports (kart) ! et itinéraire ? et hôtels ?"
Spontanément, nous disons que nous allons d’une traite à Châdegân, puisque nous croyons n'avoir pas le droit de camper… or, il est presque 18 heures, et il y en a pour huit heures de marche ! "berim, berim" pour les quitter : "allons, allons".
Mais ici, les notions de distance, vitesse, durée sont abstraites ou surréalistes, et n'émeuvent personne.
Un sentier longe la rivière, plus ou moins interdit, mais pas pour nous ?
Et nous tombons sur le second barrage, qu’il n’est plus de nos forces de franchir.
Pas très farauds, nous choisissons le seul coin discret pour camper, au bord de l’eau, cachés en contrebas sous la piste, mais il nous faut surveiller attentivement un lâcher d’eau, pour s’en faire une idée, sait-on jamais, s’il fallait se carapater brusquement en pleine nuit.
Nous dînons, pain, fromage, ananas.

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