ROUSARI, MEQNA'E, TCHÂDOR
S’il y a bien un sujet qui fâche, en France !, c’est le costume féminin iranien. Et, bien sûr, en premier lieu tout ce qui doit couvrir la tête. Lorsque vous suggérez, en France, qu’il y a de plus graves atteintes aux libertés, il vous sera rétorqué sèchement que le voile est un symbole. Négatif, cela va de soi. Et cet argument emporte tout dans une bouche occidentale. Pour ma part, je ne me heurte plus aux symboles, puisque chacun a les siens qui ne sont pas ceux d’autrui. Et je me plais même à être de mauvaise foi en affirmant avoir des amis amérindiens d’Amazonie qui sont catastrophés devant les exigences en caleçons de ma propre civilisation…
Alors, n’attendez pas de moi autre chose qu’un petit croquis presque objectif sur le costume féminin. Vous savez de toutes façons qu'à cette question d'appréciation ma réaction personnelle est une pirouette, et que je suis prêt à généraliser le tchâdor aux deux sexes (journal du 13 juillet, et PS ci-dessous). C’est très difficile de faire de l’humour, même noir, dans une langue mal maîtrisée, mais c’est encore plus difficile à interpréter pour votre interlocuteur iranien. Il a forcément des doutes et sa première hypothèse sera que vous ne savez pas vous exprimer. Et là, il aura raison. Donc, moi, je prête le flanc à la critique des uns et des autres. Mais "courageusement" je continue mon exposé !
Alors, faites au moins la différence entre les diverses options offertes en couvre-chef. Et n’allez plus confondre les iraniennes avec les afghanes et les qataries. Je crois vous avoir déjà parlé des touristes bahreïnies invisibles. Vous avez des images de burqa dans la tête, ne vous les mettez pas sur la tête !
Oui, quand même, il existe un masque qui couvre le visage en Iran, parfois rouge vif, porté par les femmes arabes de certains villages du golfe. Ce masque porte lui aussi ce nom : borqa’. Je n’en ai vu qu’un seul exemplaire porté à Chirâz. Il est donc exceptionnel et n’appartient pas à la tradition iranienne qui dévoile le visage (à moins, je crois, de remonter le temps jusqu'aux Sassanides).
PS : Je comprends que je fais erreur en lisant "Vers Ispahan" de Pierre Loti. Il s'y plaint de ne voir aucun visage féminin au cours de son périple, car toutes les femmes des environs de Chiraz portent un masque de tissu blanc.
En pratique vous avez le choix entre trois voiles différents :
روسری
- le foulard appelé rousari ("cela sur la tête") ou hedjâb, qui est la coiffure la moins contraignante. Il est parfois porté bien en arrière sur un chignon, et ses couleurs sont le plus souvent neutres mais assez variées avec ou sans motifs, noué ou non sous le menton. Pour Sylvie, c’est le foulard jeté sur l'épaule à la Benazir Bhutto, celui qu’adoptent les touristes occidentales et japonaises.
مقنعه
- La cagoule ou guimpe, appelée meqna’é, qui encapuchonne la tête et le cou jusqu’aux épaules, de couleur unie souvent sombre, mais claire pour les très jeunes filles. Elle est obligatoire pour les fonctionnaires et les étudiantes. Il y avait une étudiante qui portait cette cagoule dans ma classe en France, et franchement nous n’y faisions plus attention. Mais, en été, c'est sûrement une contrainte.
چادر
- Le tchâdor (tchador en français) est une vaste pièce de tissu de 6 mètres de long qui couvre la tête par dessus le voile et tout le corps. Il est le plus souvent noir, mais parfois clair et même bariolé dans les villages. En fait dans les villages et chez les nomades les tenues sont souvent très colorées et spécifiques, et n’ont rien de commun avec celles des villes. J’avoue qu’à mes yeux les tchadors noirs des villes sont trop nombreux et déprimants à la longue.
PS : j'apprends que j'apporte ma petite pierre à un édifice déjà constitué. Il ne s'agit pas du tchador, mais c'est tout comme : un couturier britannique propose depuis plusieurs mois un modèle de burqa pour hommes, et la journaliste française Pierrette Fleutiaux écrit toute une chronique sur ce thème. Alors mea culpa, je ne voulais pas sacrifier à l'ironie occidentale. Nous sommes tous les mêmes.
Le rousari me conviendrait trés bien,porté à la façon Sylvie car je crois me souvenir que le tchador cause bien des tracasseries à mes deux copines...
RépondreSupprimerToujours aussi interessant votre périple,nous vous suivons pas à pas.