ZARDALOU VA BASTANI : mail n°14
Les zardalous sont les fruits mûrs du moment, dans les vergers que nous traversons.
Les zardalous peuvent être petits, comme des mirabelles, et orange comme chez nous.
Mais ils sont souvent jaune pâle et alors ils sont gros comme chez nous.
Les zardalous sont les abricots, et vous allez imaginer leur goût quand ils se fendillent et que les fourmis de Lilliput viennent récolter le sucre qui cristallise sur la crevasse. Alors les zardalous ont goût de miel fondu chauffé au soleil et rien ne presse tant que les dévorer sur place.
Nous n’emportons jamais de zardalous dans nos sacs.
Les prunes rivalisent avec les zardalous, quand elles se cuivrent de reflets rougeoyants.
Les prunes, ici, sur l’arbre, sont un sirop. J’adore les prunes.
Les petites cerises rouge fluo, un peu acide, c’est fini.
Les mûres ne sont pas des ronces, elles tombent des arbres, quand, rouges, elles passent au noir, mais si elles sont blanches, elles restent ivoire.
Il faut qu’elles soient très mûres, les mûres.
Les pêches ne sont pas tout à fait mûres, mais Yvon prétend que oui, il en a mordu une qui l’était. Yvon mord tout ce qui passe sous sa main. Il cueille aussi des pommes petites, fades et pâles.
Là, sous les pommes, les abricots jaune pâle
Pas de raisin à point, pas encore de noix pour nous.......
Ah ! Les dattes ! Nous n’allons pas les cueillir, on nous les apporte.
Les dattes viennent du Khouzestan, l’angle sud ouest du pays qui est mésopotamien.
Y coule le fleuve Karun, que les français ignorent, et qui est le troisième grand fleuve du delta. Je te rappelle, Claude, que l’Euphrate est à l’ouest.
Ici, les dattes ne sont pas rangées en branches dans leurs barquettes, les dattes sont agglutinées C‘est que les dattes sont tendres, et caramélisées, les dattes sont servies au petit déjeuner, et comment s’en passer maintenant ?
Au petit déjeuner de l’hôtel, nous passons les premiers quand nous savons que nous partons à l’aventure. Et nous dévalisons la table de ses dattes pour tenir le coup dans la campagne...
Et les bastani ?
C’est un mot qu’on apprend dès la 8ième leçon, et qu’Yvon a retenu en deux temps trois mouvements.
Pas difficile d’ailleurs, aucune prononciation inaccessible, et tout accent lui convient.
Toujours vous serez compris en Iran si vous dites bastani.
Il faut avoir quand même un peu l’oeil vif pour dire bastani.
Les bastani provoquent des attroupements dans les magasins qui leur sont réservés.
Dans le moindre hameau perdu où nous courions après le pain, après le fromage après le mahi-connserv, nous ne pouvions commencer nos achats sans avoir demandé :
« bastani dârin ? » "Et des glaces, vous en avez ?"
Sur un ton un peu angoissé, car souvent le congélateur nous narguait muet, sans électricité. Et le marchand, navré et narquois, avait dû tout manger.
« bastani dârin ? » "Et des glaces, vous en avez ?"
Sur un ton un peu angoissé, car souvent le congélateur nous narguait muet, sans électricité. Et le marchand, navré et narquois, avait dû tout manger.
Nous repartions avec le pain, le fromage et le mahi-connserv.
Le mahi-connserv, c’est le thon en boite, qui nous sustente en trek.
Il y a les bastani tchoubi que nous emportons en marchant : tchoub c’est le bois.
Tchoubi, c’est en bois, de bois, sur bois. Donc bastani tchoubi c’est l’eskimo.
Il y a les cornets remplis au robinet qui sont frisés et trop légers et fades : pas pour moi.
Il y a surtout, en ville, les mivé-chir (à l’instant, j’oublie leur nom, donc j’utilise mon vocabulaire perso).
Les mivé-chir associent un fruit (mivé), qui est épluché devant vous et mixé avec de la glace, et une crème (chir = lait) et sont servis dans de grands verres.
Vous pouvez choisir n’importe quel fruit, et même du chocolat très goûté, mais nous préférons melon et banane.
A la carotte, c’est bien aussi, mais la crème ne se mélange pas parfaitement.
La carotte, ici, c’est surtout pour la confiture.
Non non, nous ne sommes jamais malades avec les bastanis.
Ni même avec l’eau de rivière qui économise le poids sur nos dos, d’ailleurs.
Ah ! Je cours chercher une bastani !
Khodâ Hâfez, Pierre
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