MARDI 21 juillet, Chirâz, 47ème jour :
Dans la cour de la mosquée Vakil, dont nous apprécions le calme harmonieux et les couleurs où domine le rose, et les 48 fortes colonnes torsadées, nous rencontrons trois étudiantes en français, toujours avides de dialogue, et très souriantes.
Il faut quand même réaliser que Sylvie est "sans papiers", presque clandestine mais je ne le lui dis pas, et nous passons à l’agence qui est notre planche de salut et où nous payons 60 euros pour effectuer sans nous les démarches à Téhéran. Nous espérons échapper à ce voyage, difficile à caser dans notre programme. Sylvie n'est pas encore prête à sacrifier un iota de ses projets.
Avec Mehdi, Sylvie et moi retournons en taxi au bureau des étrangers signer un imprimé de plus. Pourtant nous sortions de ce bureau, juste avant l'agression, et notre dossier contient forcément toutes les informations nécessaires et suffisantes. Nous ressentons un peu d'appréhension, car, bien prévenue, Sylvie doit jouer les éclopées pour éviter d’être ballottée de bureau en bureau... Elle n’est pas très fraîche de toutes façons, et monte alors laborieusement les escaliers à mon bras, boitillant et grimaçant puis cherchant un siège sous les regards attentifs. Dans le bureau, pendant les pourparlers, Mehdi semble soucieux, pâle et en sueur, conversant à voix basse. Le fonctionnaire n'est pas plus souriant. Je gamberge et suppute, tends l’oreille et scrute leurs expressions. Nous sortons : rien de nouveau, semble-t-il, la balle va être dans le camp de l’ambassade française à Téhéran. Nous y croyons. Enfin, Sylvie y croit...
Nous déjeunons en tête-à-tête dans le kabâb que je connais, avant une petite sieste.
Puis nous partons tous les quatre pour le Châh-é Tcherâq, mausolée dédié à deux frères de Rezâ, le 8ème imam, inhumé à Machhad. Ce lieu de pèlerinage est primordial à Chirâz, et c’est heure d’affluence. Pour entrer sur le parvis, nous devons déposer en consigne nos appareils photo, et les femmes doivent emprunter et revêtir un tchâdor. Je ne décris pas la scène, évoquée par mail. La surprise passée, nous retrouvons notre sérieux avec componction pour répondre à la jeune enseignante de l’école coranique qui s’inquiète des interprétations des étrangers. Alors, enfin, nous sommes exemplaires et œcuméniques, nous ne connaissons qu’un seul Dieu, nous éprouvons ferveur et tolérance, nous sommes à l’écoute des prophètes. Marie-Hélène et Yvon, un peu tétanisés par l’endoctrinement qui se dégage de ce dialogue, vont y voir un aveuglement et un fanatisme inébranlable et ravageur. Tant pis, ils iront directement en enfer, moi au purgatoire, et Sylvie sera sanctifiée, je crois. Le mausolée est fastueux et malgré cela très harmonieux : la mosaïque de miroirs joue avec la lumière et la cour a un bel élan créé par ses hautes colonnes de bois et ses grands arbres alignés.
Le soir, Âmâr, notre chauffeur est au rendez-vous devant l’hôtel, et nous partons dîner chez lui. Une panne de gaz dans son quartier l’oblige à acheter le dîner en route. Nous sommes accueillis par sa fiancée Sânâr sa belle-mère et ses beaux-frères. D’emblée la sympathie opère, et nous sommes en harmonie avec cette famille. Marie-Hélène et Sylvie, qui vivent cette expérience pour la première fois ici, sont sous le charme des lieux et des hôtes immédiatement. D’autant que Sânâr est très avenante, anglophone, pleine de curiosité, et nous invite à son mariage. Elle garde son foulard devant nous, et a beaucoup de mal à réaliser que les robes puissent être décolletées, les bras et les jambes découverts, sans sombrer dans l’indécence et la provocation. Là nous sentons bien un fossé culturel, qui n’est pas forcément porteur d’ostracisme, et qu’il suffit d’admettre de part et d’autre. Les traditions provoquant alors des dialogues. A l’ère de la mondialisation le pluralisme culturel me semble tout aussi important, ou même plus, que la biodiversité mieux prônée. Par contre, « dans ce contexte » nous sommes étonnés de voir le service assuré exclusivement par Âmâr, et les femmes rester à table. Est-ce modernité ou tradition, statut de fiancé ou égards envers les invités ? Nous ne le saurons pas.
A table ? Non ! Nous sommes tous accroupis plus ou moins naturellement sur les tapis, sauf Yvon qui a eu droit à un petit pouf.
Cette soirée clôt la journée en apothéose, et nous vivons avec intensité ces moments sans arrière-pensée. Merci à nos hôtes !
Dans la cour de la mosquée Vakil, dont nous apprécions le calme harmonieux et les couleurs où domine le rose, et les 48 fortes colonnes torsadées, nous rencontrons trois étudiantes en français, toujours avides de dialogue, et très souriantes.
Il faut quand même réaliser que Sylvie est "sans papiers", presque clandestine mais je ne le lui dis pas, et nous passons à l’agence qui est notre planche de salut et où nous payons 60 euros pour effectuer sans nous les démarches à Téhéran. Nous espérons échapper à ce voyage, difficile à caser dans notre programme. Sylvie n'est pas encore prête à sacrifier un iota de ses projets.
Avec Mehdi, Sylvie et moi retournons en taxi au bureau des étrangers signer un imprimé de plus. Pourtant nous sortions de ce bureau, juste avant l'agression, et notre dossier contient forcément toutes les informations nécessaires et suffisantes. Nous ressentons un peu d'appréhension, car, bien prévenue, Sylvie doit jouer les éclopées pour éviter d’être ballottée de bureau en bureau... Elle n’est pas très fraîche de toutes façons, et monte alors laborieusement les escaliers à mon bras, boitillant et grimaçant puis cherchant un siège sous les regards attentifs. Dans le bureau, pendant les pourparlers, Mehdi semble soucieux, pâle et en sueur, conversant à voix basse. Le fonctionnaire n'est pas plus souriant. Je gamberge et suppute, tends l’oreille et scrute leurs expressions. Nous sortons : rien de nouveau, semble-t-il, la balle va être dans le camp de l’ambassade française à Téhéran. Nous y croyons. Enfin, Sylvie y croit...
Nous déjeunons en tête-à-tête dans le kabâb que je connais, avant une petite sieste.
Puis nous partons tous les quatre pour le Châh-é Tcherâq, mausolée dédié à deux frères de Rezâ, le 8ème imam, inhumé à Machhad. Ce lieu de pèlerinage est primordial à Chirâz, et c’est heure d’affluence. Pour entrer sur le parvis, nous devons déposer en consigne nos appareils photo, et les femmes doivent emprunter et revêtir un tchâdor. Je ne décris pas la scène, évoquée par mail. La surprise passée, nous retrouvons notre sérieux avec componction pour répondre à la jeune enseignante de l’école coranique qui s’inquiète des interprétations des étrangers. Alors, enfin, nous sommes exemplaires et œcuméniques, nous ne connaissons qu’un seul Dieu, nous éprouvons ferveur et tolérance, nous sommes à l’écoute des prophètes. Marie-Hélène et Yvon, un peu tétanisés par l’endoctrinement qui se dégage de ce dialogue, vont y voir un aveuglement et un fanatisme inébranlable et ravageur. Tant pis, ils iront directement en enfer, moi au purgatoire, et Sylvie sera sanctifiée, je crois. Le mausolée est fastueux et malgré cela très harmonieux : la mosaïque de miroirs joue avec la lumière et la cour a un bel élan créé par ses hautes colonnes de bois et ses grands arbres alignés.
Dans ce quartier périphérique, le bazar est aussi très animé.
A table ? Non ! Nous sommes tous accroupis plus ou moins naturellement sur les tapis, sauf Yvon qui a eu droit à un petit pouf.
Cette soirée clôt la journée en apothéose, et nous vivons avec intensité ces moments sans arrière-pensée. Merci à nos hôtes !
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