Témoins des heurts

MERCREDI 1er juillet, Aligoudarz, 17ème jour de trek :

Levés à 5h30, il fait frais.



Nous traversons une carrière de marbre, en arc de cercle, qui ressemble au chœur d’une cathédrale, et de là nous  apercevons la petite ville d'Aligoudarz entre les collines. C'est notre but ultime, c'est Byzance, Jérusalem et Naples réunies. Bon, enfin, disons que c'est une toute petite ville qui miroite au soleil.



Nous y descendons par une étroite vallée cultivée de vergers, et nous pénétrons directement  en ville par cette piste.



La belle finition en marbre des bâtiments nous surprend. Leur ossature est métallique, soutenant des murs de briques jaunes sur lesquels le marbre blanc veiné est appliqué. Les maisons et les immeubles sont grands, hauts, vitrés.



Le premier hôtel venu est le bon, mais nous n’en trouvons pas l’entrée d'emblée, et tournons autour. Il est calme, à la lisière de la ville, avec vue sur la campagne et les carrières au loin. Nous passons la matinée au kâfinet, et recevons les messages familiaux. Nous sommes pris d'une frénésie d'écriture.



Au déjeuner, nous découvrons l’âbgoucht, et apprenons à utiliser le pilon qui réduit légumes et viande en purée. C’est délicieux, mais j’ai pris la précaution d’évacuer les morceaux gras dans le mortier d’Yvon. Le dough pétillant est désagréable à mon goût.
Retour à l’hôtel pour un rasage « c’est pas du luxe ». Et là, horrifié, et y’a de quoi, je me vois dans la glace de la salle de bain : mes clavicules et toutes mes côtes font de l’exhibitionnisme, j'ai un cou de poulet déplumé. Je suis persuadé d’être tombé en dessous des 50 kg fatidiques. J’ai trop vite maigri, et suis contrarié pour mes prochains treks au long cours. N’insistez pas, vous n’aurez pas la photo.
Pour découvrir l'animation de fin d'après-midi, j’ai mis mon pantalon corsaire puisque l’autre est déchiré, et, dans la rue, mes chevilles sont le point de mire généralisé, et les enfants pouffent à qui mieux mieux. A la longue, ce n’est pas un rôle si drôle, et on ne m’y reprendra plus. Second passage au kâfinet, puis dîner quand tout le monde fume le qaliân. Nos jeunes voisins invitent Yvon à essayer, et nous questionnent, puis payent notre addition malgré nos protestations, et nous raccompagnent presque jusqu’à l’hôtel, car à la sortie du restaurant, nous sommes témoins d’une échauffourée entre partisans des candidats aux dernières élections, armés de gourdins, et nous devons quitter les lieux au plus vite.
Dans aucun pays, nous n’aurons rencontré une telle générosité.

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