FIL-DE-FERRISTE TOUT TERRAIN : mail n°15
Je vais vous parler de notre canal familier. Vous avez compris qu’il s’agit d’un canal d’irrigation qui court le long de la rivière de chaque côté. Il peut y en avoir deux à quelques mètres d’écart, l’un plus haut que l’autre. Ce canal prélève l’eau en amont et coule à plus faible pente que la rivière. Donc, par rapport à elle, il s’élève progressivement, et vient noyer les vergers, les peupleraies, les potagers. C'est simple, ingénieux, efficace, bien entretenu et très utile pour nous !
Quand, les obstacles sont trop rébarbatifs, crête en pente raide dériboulant, peupliers trop serrés qui refusent le passage du sac à dos, boues gluantes, nous empruntons par paresse le canal. Mais nous ne pataugeons pas systématiquement dedans avec de l’eau aux genoux, nous avons des scrupules sportifs et des attentions pour nos pieds détrempés, et nous jouons les fil-de-ferristes sur sa margelle.
Sa margelle peut être en terre le plus souvent, parfois ébréchée et il faut avancer précautionneusement, parfois cimentée et stable. Elle est cimentée quand le canal domine directement la rivière sans plate-bande entre les deux, et c’est par conséquent d’assez haut. Le canal est alors accroché à la paroi de pierre, en encorbellement, dans les courbes enchâssées du fleuve.
Cette margelle cimentée permet de poser deux pieds, côte à côte, en général, mais les passages délicats n’autorisent qu’une seule semelle.
Cette semelle, la mienne, a bien sûr piétiné dans la boue auparavant, et cette boue, je l’ai dit, est gluante.
Gluante, cela ne signifie pas adhérente, au contraire, mais visqueuse, et pour tout dire glissante.
Vous voyez ce que j’ai sous les pieds, en paquets ?
Et sur le dos, le sac !
Le sac n’est pas un balancier, au contraire. J’ai beau écarter les bras de chaque côté, pour assurer l’équilibre, le sac a toujours du retard sur le mouvement. Il freine quand je m’élance, il est parti quand je m’arrête, et parfois même sur le côté, il tente de me dépasser.
Sur ma margelle, avec mes semelles et mon sac, quand il n’y a place pour deux pieds joints, quand il y a dix mètres à franchir, quand la rivière est 6 mètres plus bas, bordée de blocs, et quand le canal lui même est certain de m’accueillir sur le dos, cramponné à mon appareil photo, alors Yvon est loin devant, je ne le vois plus, il a passé sans s’en rendre compte, je dois me dépêcher, je me dis qu'il vaut mieux ne pas regarder mes pieds et surveiller l’horizon d’un air dégagé...
Eh bien ! Non ! Rien à faire ! Le sac a déplacé mon centre de gravité de 3 cm en arrière et aggrave la pesanteur de 25 %, j’ai calculé en avançant quand même. Ainsi si je fais semblant de lever le nez, j’ai la tête qui tourne.
Alors je passe, mais dans ma tête, c’est comme si je rampais.
C’est une autre sorte de translocation : la translocation reptative.
(notion confidentielle pour quelques uns d’entre vous seulement, les autres passent à la suite).
Entre rizières et rivières, c’est très différent, mais pas tant que ça.
La différence, c’est la hauteur et la réception.
Dans la contrée des rizières qui a vu la fin de notre trek, l’ambiance est à la sérénité. Sans doute parce que j’y vois des paix orientales. Les rizières sont fragmentées en petits ou grands compartiments, eux mêmes séparés par de petits talus de terre herbeux. Ces petits talus dessinent un labyrinthe et de loin se devinent a peine.
Il faut une boussole dans la tête pour atteindre l’objectif désiré.
Eh bien ! Non ! Rien à faire ! Le sac a déplacé mon centre de gravité de 3 cm en arrière et aggrave la pesanteur de 25 %, j’ai calculé en avançant quand même. Ainsi si je fais semblant de lever le nez, j’ai la tête qui tourne.
Alors je passe, mais dans ma tête, c’est comme si je rampais.
C’est une autre sorte de translocation : la translocation reptative.
(notion confidentielle pour quelques uns d’entre vous seulement, les autres passent à la suite).
Entre rizières et rivières, c’est très différent, mais pas tant que ça.
La différence, c’est la hauteur et la réception.
Dans la contrée des rizières qui a vu la fin de notre trek, l’ambiance est à la sérénité. Sans doute parce que j’y vois des paix orientales. Les rizières sont fragmentées en petits ou grands compartiments, eux mêmes séparés par de petits talus de terre herbeux. Ces petits talus dessinent un labyrinthe et de loin se devinent a peine.
Il faut une boussole dans la tête pour atteindre l’objectif désiré.
Mais ces talus sont des margelles étroites, eux aussi.
Par contre, en y jouant les funambules, vous ne souffrez pas d’appréhension. Si vous tombez, c’est dans le riz. Donc, vous êtes funambules et fanfarons, ou plutôt équilibristes et fatigués.
Et là, vous tombez.Par contre, en y jouant les funambules, vous ne souffrez pas d’appréhension. Si vous tombez, c’est dans le riz. Donc, vous êtes funambules et fanfarons, ou plutôt équilibristes et fatigués.
Je ne décrirai pas les pieds qui tombent dans les rizières. J’en aurais pour une heure.
Alors, salut, les parents, les amis, les enfants, et ce petit Valentin,
Je pense à vous, Pierre
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