DIMANCHE 5 juillet, Esfahân, 31ème jour :
Réveil à 6h30 ! L’habitude sans doute. Le temps est toujours bouché. Darius nous apprend qu’il y a des reportages télé sur cette chape de poussière qui a fait des morts en Irak, mais, selon lui, Esfahân est presque épargnée. Pourtant, sur la place Naqsh-é djahân, vues du bazar, les coupoles sont estompées. Le petit-déjeuner de l’hôtel est copieux : thé en samovar ou café, pain frais, confiture de rose et miel, petits pavés d’omelette à la tomate ou aux saucisses, fromage, dattes du Khouzestân. Avant de repartir en trek, nous remplirons discrètement la thermos de thé. Nous allons faire des courses en ville : réservation de vols intérieurs Esfahân-Chiraz pour nous quatre chez Iran-air, cartes routières détaillées bé enguélissi (transcription anglaise), ouvre-boîte et couteau au bazar. Nous déjeunons de kabâbs bakhtiâris au restaurant, proche du bazar, dont j’oublie le nom. Ensuite, petite sieste réparatrice après notre nuit mouvementée, puis passage au kâfinet de l’hôtel pratique avec ses deux postes sous la main.
Ensuite, nous décidons de nous promener sur les ponts, et les berges arborées.
Sous le pont aux trente-trois arches, les esfahânis viennent se prélasser au frais, chanter, fumer.
La Zâyandeh est bel et bien à sec dans Esfahân. La raison en est floue, chacun a son explication :
- le déficit en précipitations bien sûr,
- le tarissement de résurgences bénéfiques (?),
- le « pompâj » agricole,
- les prélèvements industriels de Zarinchahr et Mobârakeh,
- l’alimentation en eau potable de l’agglomération esfahâni (1.600.000 habitants),
- le détournement provisoire du fleuve pour réparer les piles des ponts historiques,
- le détournement définitif pour fournir assez d’eau à un canal qui irait irriguer Yazd, à 300 kms, dans le désert car le président Khâtami en est originaire. Cela parait abracadabrantesque car la Zâyandeh s’y rendrait naturellement si elle ne se perdait pas dans les sables avant d’y parvenir. Alors encore mieux ! Un canal pour irriguer Kermân, dans la même direction à 661 kms cette fois, d’où vient le président Rafsandjâni…
Le fait est là : il n’y a plus d’eau, et les pédalos restent échoués.
Pour être tout à fait honnête, la mare à têtard dont je niais l'existence existe bel et bien. Et l'on y voit des échassiers blancs qui s'y nourrissent, et même des pêcheurs à la ligne !
Devant les écoles coraniques, je me demande comment on peut lire la graphie arabo-persane utilisée. A part le nom d'Allah que je ne dois pas prendre comme garant de mes serments, je ne lis rien de rien.
La calligraphie nasta'liq est décidément trop hermétique pour moi.
Sur le Miroir du Monde, les calèches ont commencé leur manège, toujours dans le même sens, et les chevaux ne chôment pas, les enfants en redemandent ou attendent leur tour les pieds dans l'eau.
Nous dînons à l’hôtel où Darius nous annonce que Téhéran est calme.
Je choisis un poisson des rivières locales, bon sans surprise, si ce n’est qu’il y ait encore des poissons...
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