Recours à l'ambassade

JEUDI 23 juillet, Yazd, 49ème jour :


Nous commençons par la visite de la Mosquée djom’é dont la façade étroite est tout en hauteur, surmontée, à même l’iwan, de deux minarets rapprochés : cet élan vertical manque un peu d’élégance, mais les mosaïques sont somptueuses et plus vives et séduisantes que jamais. Nous pouvons déambuler en restant à distance du mihrab, mais n’avons accès ni au qanât, ni aux toits décrits dans le guide.


Nous entrons dans la maison Lari, passons devant le tombeau des 12 imams et la prison d’Alexandre, achetons des céramiques où figurent des poissons, puis pénétrons dans l’hôtel Fahâdân, ancien palais bien décoré et soigné, qui permet d’avoir vue sur la ville et les bâdguirs ( بادگیر, ).
Ces « tours du vent » associées aux qanâts sont un système de climatisation qui s’avère très efficace.


Dans une autre riche maison traditionnelle, l’une des pièces est décorée de portraits féminins, et l’une des « princesses » fume avec l’épaule gauche complètement dénudée !


Nous déjeunons, accroupis sur une estrade, dans le charmant hôtel Kohan-kâchâneh qui ressemble au Fahâdân en moins guindé. Dans la dernière maison le qanât est à sec, dans l’hôtel Fahâdân il est restauré et en trop forte déclivité, dans l’hôtel Kohan il stagne. La pente idéale est en effet de 3/1000, pas plus, pas moins, je le sais. Sur le toit du Kohan la vue surplombe toute la vieille ville à laquelle les montagnes servent d’écrin.


Nous rencontrons Hadi Safaeian, guide free-lance, qui nous propose une excursion avec trois autres français, dans les environs, demain vendredi, jour où tout est fermé : OK ! Rendez-vous est pris devant la tour de l’horloge.


Sur une place, nous découvrons un grand nakhl, sorte de catafalque en forme de double palme qui peut peser plusieurs tonnes et sera décoré et porté en procession par les hommes pour la commémoration annuelle du meurtre d’Hossein.
Dans un sursaut de clairvoyance, je me résigne à appeler l’ambassade de France, mais le réceptionniste alangui du Silk-road m’apprend que la ligne est « coupée » à cette heure, et qu’il faut acheter une carte et aller à la poste. Après hésitations, je cherche du secours dans l’hôtel-restaurant chic, associé pour internet au Silk-road, et j'y trouve le directeur au lit, qui, compatissant, me permet d’appeler l’ambassade sur son mobile et… sur ses draps. Je tombe sur une secrétaire compréhensive et réactive elle aussi. Finalement j’ai de la chance. Elle me donne rendez-vous dimanche matin, dans trois jours, avec la secrétaire du Consul, Madame Mariella. La présence de Sylvie à Téhéran est indispensable pour obtenir un laissez-passer sur lequel il faut impérativement une photo, et cela prendra 24 ou 48 heures, puis rebelote obligatoire chez les Iraniens en prime, sans précision sur les délais. Mais « pour un départ vendredi prochain, en cinq jours, c’est jouable ». Je l’espère bien ! Mais je commence à sentir le vent du boulet. A vrai dire, je ne me faisais pas beaucoup d’illusions, mais Sylvie va déchanter : il va falloir réduire notre programme. Enervé par ce jeu où nous sommes la souris, je passe mon humeur sur le réceptionniste alangui du Silk-road, et lui reproche de ne pas assurer les commodités annoncées sur place, téléphone et internet : je prends mon crayon, rappelez-vous qu’il est noir, ce n’est pas un stylo (circonstance atténuante) et je raye d’un trait vengeur les mentions phone-service et internet-free sur le prospectus de l’hôtel que je balance sous son nez. D’alangui le gars devient…nonchalant…
En fait le patron me laissera son mobile pour joindre Afrooz par deux fois, et je n’aurai plus qu’à le prier de m’excuser !


Après la sieste, à laquelle je n’ai pas eu droit, ça se voit, nous partons voir le takieh Amir Tchakhmâq, dont les trois étages d’arcades, dominés par deux minarets, s’illuminent à la tombée du jour. Un takieh est un théâtre, souvent provisoire, où se jouent avec passion les scènes de la bataille de Kerbala et de la mort d’Hossein. Nous montons bien sûr au troisième étage, et contemplons les tours du vent dorées par le soleil couchant et les lumières de la ville.


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