VENDREDI 24 juillet, Yazd, 50ème jour :
Pour notre excursion avec Hadi, nous devons nous retrouver à 7h, mais il n’y a pas de véhicule au rendez-vous. Nous aurait-il posé un lapin ? Non, à 7h30 arrive un minibus dont le chauffeur a reçu un appel du guide qui ne s’est pas réveillé… Nous allons chercher nos trois compagnons français et partons pour les tours du silence, où les morts zoroastriens étaient encore dépecés par les vautours il y a trente ans, de façon à ne souiller ni la terre, ni l'air. Actuellement, ils seraient enfermés dans des fosses blindées : ai-je bien compris ? Je n'ai pas déniché d'article digne de foi, mais j'ai appris que les Pârsis de Bombay sont, eux aussi, confrontés à ce dilemme à cause de l'extinction progressive des vautours en Inde.
Pour notre excursion avec Hadi, nous devons nous retrouver à 7h, mais il n’y a pas de véhicule au rendez-vous. Nous aurait-il posé un lapin ? Non, à 7h30 arrive un minibus dont le chauffeur a reçu un appel du guide qui ne s’est pas réveillé… Nous allons chercher nos trois compagnons français et partons pour les tours du silence, où les morts zoroastriens étaient encore dépecés par les vautours il y a trente ans, de façon à ne souiller ni la terre, ni l'air. Actuellement, ils seraient enfermés dans des fosses blindées : ai-je bien compris ? Je n'ai pas déniché d'article digne de foi, mais j'ai appris que les Pârsis de Bombay sont, eux aussi, confrontés à ce dilemme à cause de l'extinction progressive des vautours en Inde.
La tour ( دخمه ) est une enceinte circulaire au sommet d’un piton, au-dessus d’une usine à ciment. La terre nue jusqu’à l’horizon est ainsi bigarrée de blanc. Nous pénétrons à l’intérieur et Hadi nous mime la scène selon sa version, allongé sur le dos, la tête vers l’enceinte « magnétique » qui éloigne la faune sauf les vautours !
Il y a aussi une histoire de chiens qui portent un diagnostic de mort définitive par morsure…Toujours est-il que nous, ce ne sont pas des vautours ni des chiens carnivores que nous découvrons, mais un chacal qui trottine gentiment. Nous l’appelons « chaqâl ! chaqâl !», mais il nous boude. Facile le persan, non ? A condition de prononcer le q presque comme un r, et le â presque comme un o. L’animal est persan, et doit être pointilleux sur la phonétique, il nous ignore.
Plus loin, nous déambulons dans un village abandonné où la petite mosquée est dominée par un minaret vacillant. Cela tombe bien s’il reste debout, car nous n’avons pas vu ceux d’Esfahân, et c’est très impressionnant : le sommet du minaret oscille latéralement avec une amplitude considérable, tel un ressort. Il faut deux hommes au sommet pour déclencher le phénomène.
Sous le village, l’oued est franchi par un petit aqueduc, et Hadi nous fait remarquer le siphon plus ancien qui permettait auparavant de distribuer l’eau d’une berge à l’autre par vases communicants. C'est ingénieux et j'aimerais connaître l'antique procédé d'étanchéité qui en conditionne l'efficacité.
Ensuite nous visitons un bel ensemble architectural : remparts, caravansérail avec qanât et bassin où Hadi tombe, glacière plus raffinée mais moins grande qu’à Kermân. Son raffinement, à mes yeux, tient à sa forme en œuf due à deux coupoles inversées emboîtées.
Nous passons aussi chez les tisserands, qui offrent des tapis à décors géométriques avec l’arbre de vie. Nous déjeunons chez l’habitant, sur une terrasse devant un verger où nous faisons la sieste. Les chèvres, ici, ont des oreilles de teckel. Les chèvres ici s’appellent toutes boz.
Et nous finissons par les ruines d’un château fortifié, et par un pigeonnier très confortable à nos yeux. Nous sommes aussi passés chez un potier où nous nous sommes laissés séduire sans peine. Nos coéquipiers se sont révélés très agréables tous les trois, et nous avons eu plaisir à discuter avec eux. Virginie et Hedi sont attentifs, cultivés et discrets. Pierre nous a un peu bluffés : à 21 ans, avec son permis et sa moto tout neufs, il est parti seul de Paris pour l’Inde. Une chute en Turquie ne l’a pas dégoûté, et le voilà en Iran. Il n’a pas obtenu de visa pour le Pakistan, heureusement à notre avis ! et va franchir le golfe jusqu’à Dubaï avant sa traversée vers l’Inde. Il est bavard, en manque de conversation française, et curieux de tout. Cerise sur le gâteau, il tient un carnet de route qu’il illustre lui-même et y laisse dessiner ceux qui le veulent bien.
Au retour, nous dînons à l’hôtel puis prenons un car de nuit pour Kâchân, 371 km, où nous arrivons à 3h du matin. Sylvie et moi avons accepté de nous séparer, pour permettre à un homme de s’asseoir à mes côtés, car la seule place libre se trouvait près d’une femme. Les couples autochtones ont semblé moins conciliants que nous... Du coup Sylvie, grâce à sa voisine, va avoir droit aux commentaires circonstanciés qui expliquent le film rituel. Ai-je déjà précisé que les passagers sont distraits lors de ces longs trajets monotones de ville en ville par des DVD de films iraniens récents en cours d'exploitation ? Nous aurons ainsi vu deux fois "Expulsions 2", dont la vogue est terminée en juillet, alors que nous n'avons toujours pas saisi le lien entre les scènes burlesques et les scènes franchement tragiques de la guerre Iran-Irak. Il nous faudrait une version française, si vous l'avez, ou au moins le scénario. Nous restons sur notre faim !
Allez ! Encore une bonne journée de liberté nous attend à Kâchân !
Il y a aussi une histoire de chiens qui portent un diagnostic de mort définitive par morsure…Toujours est-il que nous, ce ne sont pas des vautours ni des chiens carnivores que nous découvrons, mais un chacal qui trottine gentiment. Nous l’appelons « chaqâl ! chaqâl !», mais il nous boude. Facile le persan, non ? A condition de prononcer le q presque comme un r, et le â presque comme un o. L’animal est persan, et doit être pointilleux sur la phonétique, il nous ignore.
Plus loin, nous déambulons dans un village abandonné où la petite mosquée est dominée par un minaret vacillant. Cela tombe bien s’il reste debout, car nous n’avons pas vu ceux d’Esfahân, et c’est très impressionnant : le sommet du minaret oscille latéralement avec une amplitude considérable, tel un ressort. Il faut deux hommes au sommet pour déclencher le phénomène.
Sous le village, l’oued est franchi par un petit aqueduc, et Hadi nous fait remarquer le siphon plus ancien qui permettait auparavant de distribuer l’eau d’une berge à l’autre par vases communicants. C'est ingénieux et j'aimerais connaître l'antique procédé d'étanchéité qui en conditionne l'efficacité.
Ensuite nous visitons un bel ensemble architectural : remparts, caravansérail avec qanât et bassin où Hadi tombe, glacière plus raffinée mais moins grande qu’à Kermân. Son raffinement, à mes yeux, tient à sa forme en œuf due à deux coupoles inversées emboîtées.
Nous passons aussi chez les tisserands, qui offrent des tapis à décors géométriques avec l’arbre de vie. Nous déjeunons chez l’habitant, sur une terrasse devant un verger où nous faisons la sieste. Les chèvres, ici, ont des oreilles de teckel. Les chèvres ici s’appellent toutes boz.
Et nous finissons par les ruines d’un château fortifié, et par un pigeonnier très confortable à nos yeux. Nous sommes aussi passés chez un potier où nous nous sommes laissés séduire sans peine. Nos coéquipiers se sont révélés très agréables tous les trois, et nous avons eu plaisir à discuter avec eux. Virginie et Hedi sont attentifs, cultivés et discrets. Pierre nous a un peu bluffés : à 21 ans, avec son permis et sa moto tout neufs, il est parti seul de Paris pour l’Inde. Une chute en Turquie ne l’a pas dégoûté, et le voilà en Iran. Il n’a pas obtenu de visa pour le Pakistan, heureusement à notre avis ! et va franchir le golfe jusqu’à Dubaï avant sa traversée vers l’Inde. Il est bavard, en manque de conversation française, et curieux de tout. Cerise sur le gâteau, il tient un carnet de route qu’il illustre lui-même et y laisse dessiner ceux qui le veulent bien.
Au retour, nous dînons à l’hôtel puis prenons un car de nuit pour Kâchân, 371 km, où nous arrivons à 3h du matin. Sylvie et moi avons accepté de nous séparer, pour permettre à un homme de s’asseoir à mes côtés, car la seule place libre se trouvait près d’une femme. Les couples autochtones ont semblé moins conciliants que nous... Du coup Sylvie, grâce à sa voisine, va avoir droit aux commentaires circonstanciés qui expliquent le film rituel. Ai-je déjà précisé que les passagers sont distraits lors de ces longs trajets monotones de ville en ville par des DVD de films iraniens récents en cours d'exploitation ? Nous aurons ainsi vu deux fois "Expulsions 2", dont la vogue est terminée en juillet, alors que nous n'avons toujours pas saisi le lien entre les scènes burlesques et les scènes franchement tragiques de la guerre Iran-Irak. Il nous faudrait une version française, si vous l'avez, ou au moins le scénario. Nous restons sur notre faim !
Allez ! Encore une bonne journée de liberté nous attend à Kâchân !
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