CONTINGENCES ALIMENTAIRES : mail n°9
Nous sommes allés au restaurant ! Après 18 jours de repas accroupis, nous visions une table assis, mais non !
Nous avons été placés d’office sur l’estrade d’honneur ou presque.
A chaque repas chez les bakhtiaris, il nous fallait expliquer que nous ne pouvions pas rester en tailleur plus d’une demi-minute, que nous mangions très salement, ici, parce que nous utilisions des fourchettes et des cuillers chez nous...
Nous avons goûté au âb-goucht, mot à mot : jus de viande. Même moi !
C’est curieux car on utilise un pilon à table pour broyer pois chiche et viande ensemble. Le jus est délicieux, et les protéines nous ont donné un coup de fouet. Mais j’ai évacué le gras dans le bol d'Yvon. En fait avec tous ces fromages blancs et beurres, les protéines on n’en manque pas. Mais c'est l’idée qu’on s’en fait. D’ailleurs à l’hôtel, j’ai été effrayé, et ce n’est pas peu de le dire. En me voyant dans la glace : on dirait Jade après Koh Lanta.
Pourtant Yvon ne mange pas, et je t’assure Marie-Hélène que je fais tout pour l’intéresser à la nourriture. Il est un peu difficile, à mon avis, et exige une variété de menus... Bon, il aime le dough, mais c’est 95 % d'eau. Bref, il n’a jamais faim, et il ne maigrit pas (c‘est lui qui le dit, et je suis plutôt d’accord).
Moi, je crève la dalle, je dévore toutes les provisions et m’efforce de ne pas le faire en douce, je finis son pain, son fromage, son thon, et me voila décharné et transparent.
Non pas transparent, car le soleil nous a donné une sacre bonne mine.
Pourtant, ô épouses attentionnées, nous nous tartinons de crème, nous portons chapeau et lunettes en permanence, et nous nous en félicitons.
Bon, c’était couru d’avance et qui s’en étonnerait, plus je mange plus je maigris, et plus je monte dans la montagne plus je mange. Il faut redescendre ! (bis).
Ici, tout le monde mange des glaces, mais nos préférées sont les jus de fruits glacés. Le fruit est passé au mixer avec de la glace, et éventuellement du lait, et c’est un délice par la chaleur qu'il fait.
Presque autant qu’à Brest selon la météo.
C’est vrai ? C’est la canicule chez vous ?
Donc nous avons le choix : melon, banane, carotte, fraise, cerise...
A l’instant : melon pour nous deux. On adore ! J'ai appris melon, mais ce n’est pas encore dans ma tête.
Nous sommes tout propres, frais, rasés, repassés (non, pas vrai !).
Mais j’ai lavé mon pantalon pour le donner à recoudre demain, et il ne me reste que le corsaire réservé aux sentiers déserts car on voit mes chevilles. Alors dans la rue, pour venir ici, je ne raconte pas, tous les gamins qui pouffent, et crient Hello, et les vieux messieurs qui passent dignes, et les jolies femmes avec le regard en coin ! Mes mollets galbés tout au plus les devine t-on. Mais les chevilles, ah, les chevilles...
Euh, j’ai pas déjà dit que j’étais un peu ...maigre ? Bref, je me suis caché dans le kâfinet.
Le pantalon, c’est le chien féroce dans la cour du gamin qui voulait des souvenirs, et où j’étais retourné en deux heures aller-retour, car nous n’avions d’ouvre-boîte que celui du couteau d'Yvon. Vous suivez ?
Bon, Yvon m’a vu revenir bredouille et en lambeaux (de pantalon, pas de peau ou très peu).
Comme c’est lui qui est vacciné contre la rage, et qui devait se faire mordre, j’ai bien lavé à l’eau et désinfecté une toute petite éraflure qui n’en demandait pas tant.
Alors, c’est comme ça pour moi. Et pour vous c’est comment ?
Je veux dire qu’ici il faut apprendre à répondre à des questions dont on ne voit pas toujours le point d’interrogation. Et en plus à toute vitesse avec l’accent bakhtiari et en criant par delà les monts.
C’est pas du gâteau, d’autant que sous des impulsions soudaines et mal contrôlées, je suis parfois ophtalmo et parfois peintre. Parfois je peins des yeux, des yeux, rien que des yeux...
Bon, Yvon m’a vu revenir bredouille et en lambeaux (de pantalon, pas de peau ou très peu).
Comme c’est lui qui est vacciné contre la rage, et qui devait se faire mordre, j’ai bien lavé à l’eau et désinfecté une toute petite éraflure qui n’en demandait pas tant.
Alors, c’est comme ça pour moi. Et pour vous c’est comment ?
Je veux dire qu’ici il faut apprendre à répondre à des questions dont on ne voit pas toujours le point d’interrogation. Et en plus à toute vitesse avec l’accent bakhtiari et en criant par delà les monts.
C’est pas du gâteau, d’autant que sous des impulsions soudaines et mal contrôlées, je suis parfois ophtalmo et parfois peintre. Parfois je peins des yeux, des yeux, rien que des yeux...
Yvon est plus intéressant et regarde avec patience des mâchoires et des mandibules, des excavations, des suintements et tout un tintouin et il murmure, et il apaise ainsi.
J’ai jamais su...
Il a appris a dire : non merci, je ne veux pas d’aide.
ça, ça veut dire qu'il n'y a pas que moi qui m’énerve un peu.
Mais c’est rare.
J’envoie.
xodâ hâfez, Pierre
Mais c’est rare.
J’envoie.
xodâ hâfez, Pierre
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