Apprendre une chanson

MARDI 28 juillet, Abyâneh, 54ème jour :




Nuit dans cet hôtel cossu, bien décoré, bien entretenu, surplombant le village et la vallée. Le personnel est charmant. Nous nous relaxons au mieux dans cette atmosphère de campagne, déambulons à nouveau dans le village, entrons dans les échoppes, et les maisons où nous achetons des prunes séchées et des pétales colorés.



Yvon offre à Marie-Hélène le collier bleu assorti aux boucles d’oreilles qui va la réconcilier avec le port du voile en le maintenant enfin sur sa tête avec  naturel. Elle pose ainsi pour la couverture de Zanân, « Les Femmes », à acheter lorsque le journal interdit paraîtra à nouveau. J'attends l'autorisation de divulguer la photo... et vous propose le livre de Shahla Sherkat :

 
 زنان

Nous gravissons la crête opposée pour admirer les maisons dans leur écrin entre végétation et rochers, jusqu’au mur d’enceinte de la citadelle encore encadrée de quatre tours.



Nous rencontrons un groupe de jeunes femmes qui nous apprennent avec enthousiasme une chanson d’anniversaire en persan, enregistrée par Yvon en vue des 50 ans de Marie et Tatoize. Avec elles, nous répétons plusieurs fois l’air, rythmé par la musique d’un torrent, et je note studieusement les paroles qui promettent un siècle de bonheur.


 تولدت مبارک

tavalodet-é mobârak (ta maissance bénie)

Nous restons déjeuner à l’hôtel où la patronne nous offre gracieusement âbgoucht et condiments, et déplore l’absence de riz (digne de ce nom ?) à Paris. Il faut avouer que le riz iranien est le meilleur au monde.
De Kachân, un taxi pour Esfahân va venir nous chercher tous les quatre, à 15h pour 160 km et 40 khomeinys (35 euros). Trajet sans histoire, si ce n’est une indifférence vis-à-vis du dernier sens interdit : disons qu’il était mal placé, juste avant la venelle de l’hôtel Sonati où nous retrouvons la même chambre que la dernière fois. Nous sortons faire les courses : des boîtes en os de chameau, une nappe, un sac, une tenue pour Valentin.


Sur la droite de la photo, la toile imprimée d'Esfahân,
قلمکار

Ces trois derniers achats sont en toile imprimée typique d'Esfahân, nommée qalamkâr, terme traduit par "indienne" ou "perse", qui signifie "ouvrage à la plume ou au pinceau" : en fait les motifs sont appliqués couleur après couleur avec ces tampons de bois :



Pour le plaisir, nous passons revoir les tapis nomades qui nous tentent, mais nous prenons encore le temps de la réflexion. Il faudrait qu'Yvon nous fasse l’avance pour ces tapis bakhtiâri et qachqâ’i très séduisants, car nous sommes sur la paille après notre découverte de Téhéran. Nous dînons sous la coupole Lotfollâh, et une iranienne qui a vécu en France et dont le mari était dans l’énergie nucléaire traite Ahmadinejad de dictateur comme elle parlerait de la pluie ou du beau temps, sans effusion.



Nous sommes contents de retrouver Esfahân, et la place Naqch-é djahân qui nous semble la plus belle au monde. Et nous réalisons bien que cette beauté doit pour beaucoup aux esfahânis. L'animation chaleureuse du bazar se renforce des plaisirs partagés entre promeneurs, piqueniqueurs et enfants en calèches, tous gourmands de leurs glaces préférées, et c'est cette vie quotidienne et ordinaire qui sublime l'architecture, mieux encore que les illuminations et les jets d'eau.






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