Dimanche 12 juillet, Esfahân, 38ème jour en Iran :
Yvon part à la recherche de l’Office de tourisme, qui semble avoir disparu faute de touristes. Je passe le début de la matinée au kâfinet.
Ensemble, nous partons découvrir Djolfâ, le quartier arménien, chrétien.
Ensemble, nous partons découvrir Djolfâ, le quartier arménien, chrétien.
Puis en quête des « maisons » historiques dans une ruelle, nous sommes invités chez Farhâd et sa fille Samira. (PS : Nous ignorons alors où nous mettons les pieds : ce sera une de nos rencontres les plus marquantes, et le sujet du mail suivant). Cela commence par une collation de thé et pastèque, au cours de laquelle nous feuilletons un livre d’Histoire de France en persan, y reconnaissons nos rois, puis attendons en vain la lecture promise de quelques rubayats d’Omar Khayyâm, qui est la « religion » de notre hôte. Il ne trouve pas de vers adéquats, puis oublie et passe à autre chose. Pendant qu’il parle laborieusement anglais avec Yvon, sa fille s’évertue frénétiquement à enrichir mon vocabulaire persan.
Avec elle j’apprends « xânom-hâ moqaddam tarand » qui signifie : les femmes passent en premier, expression persane très utile, mais oui. Pour « tarand », je ne suis pas absolument sûr, je n’ai pas trouvé de verbe taridan dans le dictionnaire… Peut-être me suis-je fait rouler dans la farine.
Ils nous mènent visiter la madressé française qu’ils font ouvrir à coups redoublés sur la porte, et qui est fort bien entretenue, harmonieuse par ses couleurs d’ocre et de brique, mais vide de sa cinquantaine d’étudiants en vacances.
Puis, de la même façon, ils tambourinent sur la porte cadenassée de la maison du Prieur arménien où nous avons droit à une visite privée, dans le luxe des salons d’apparat riches de miroirs, fresques sobres et lustres de cristal, autour d’un patio aux colonnes torsadées d’émeraude.
La maison va être en partie métamorphosée en hôtel prestigieux.
Ensuite, c’est la cathédrale arménienne, ses fresques et son musée : nous ne payons rien, nous sommes invités !
Puis, de la même façon, ils tambourinent sur la porte cadenassée de la maison du Prieur arménien où nous avons droit à une visite privée, dans le luxe des salons d’apparat riches de miroirs, fresques sobres et lustres de cristal, autour d’un patio aux colonnes torsadées d’émeraude.
La maison va être en partie métamorphosée en hôtel prestigieux.
Ensuite, c’est la cathédrale arménienne, ses fresques et son musée : nous ne payons rien, nous sommes invités !
En voiture alors, nous accompagnons Samira à son cours de peinture, et c’est elle qui conduit, à seize ans et sans permis, la petite R5 rageuse de son père, malgré mes supplications. L’école n’est pas très active à ce moment : aucun artiste en herbe à l’œuvre. Il s’avère alors indispensable de nous rendre de suite au hammam Ali Gholi Agha, à l’autre bout de la ville, mais voilà, il est trop tard, et, il faut le dire, nous sommes surpris qu’on ne puisse l’ouvrir tout exprès pour nous. Surpris mais civilisés, et nous ne le montrons pas. Du coup, rendez-vous est pris pour le lendemain. Alors, c’est chez l’oncle de Farhâd, linguiste, que nous débarquons pour un jus de fruit frais. L’écran télé est encore plus beau qu’à Créac’h André, mais les lourdes chaises damasquinées portent toujours leurs housses de plastique transparent. Nous regardons ensemble Arte quand, à la manière persane, l’oncle nous met brusquement à la porte, ce qui ne doit pas nous offusquer, nous avons appris, nous aussi, à quitter soudainement les lieux à notre guise sur un « bérim ! bérim !», allons ! Il faut y aller ! Et c’est bien pratique. Farhâd nous dépose au carrefour de l’hôtel après d’improbables manœuvres fort déconseillées dans le flot grouillant de la circulation. Je crois que je préfère encore être conduit par sa fille.
Je regrette pour vous de ne pouvoir illustrer ces journées des portraits de cette famille accueillante, originale et généreuse. Nous avons promis de ne pas les diffuser. Nous ne l'aurions pas fait. Les quelques portraits qui figurent dans ce blog sont anonymes et situés hors de leur cadre, sauf quelques villageois peu repérables. Les noms eux-mêmes sont imaginaires, et les propos édulcorés. Cette censure est certainement exagérée, mais l'autocensure a ceci d'effrayant qu'on n'en connait pas les limites...
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