En car

Puisque nous venons de faire 492 km en car, aller-retour, je vous passe un petit film sur les us et coutumes à bord de ce moyen de transport, disponible, confortable et peu onéreux.


Les cars affichent toujours des symboles et des emblèmes.
Ici, le Dieu des Zoroastriens.

-    Vous respecterez l’horaire de départ après avoir réservé votre place en passant d’une compagnie à l’autre dans le "terminal", sous les cris obsédants des rabatteurs. Vous croyez que passer d'une compagnie à l'autre est signe de pingrerie, ou quête d'une destination ? Non ! Les tarifs sont déjà minimalistes, et les destinations sont aboyées à qui mieux mieux. Ce qu'il faut rechercher, pour nous qui dressons des autels à Chronos, c'est l'heure d'embarquement qui nous convient. Cette heure vous l'obtiendrez, mais c'est bien pour vous faire plaisir. Ensuite, le chauffeur aura son mot à dire et sera beaucoup plus fantaisiste. Vous avez donc payé votre billet pour une destination précise, et à une heure donnée. Il faut encore trouver le car parmi la vingtaine de véhicules alignés. Heureusement, le billet attribue un numéro au car, il suffit de savoir lire les chiffres vraiment arabes. Si vous prenez du retard, vous aurez toujours la possibilité de voyager de nuit, c’est moins cher encore.


Cette fois, le numéro est en chiffres "arabes pas vraiment",
pour me faire mentir une fois de plus !
Il aurait dû être écrit :
۱۲
 Attention, les mots sont écrits de droite à gauche,
et les nombres de gauche à droite.
Exemple : nous sommes actuellement en 1388 :
 ۱۳۸۸

-    Un « intendant » va veiller sur votre confort, et encore plus sur la propreté facilitée par le petit sac-poubelle dont chacun dispose sur son accoudoir. Il va charger vos bagages dans la soute et vous attribuer des bracelets numérotés. Il récolte les tickets ou les vend au besoin. Il va vous distribuer une collation : gâteaux secs et fourrés, barre de céréales et jus de fruit. Il va vous expulser au petit bonheur la chance aux environs de votre destination. Vous serez alors somnolent et surpris, il fera nuit bien sûr et vous oublierez des broutilles ou l’essentiel derrière vous. Tétanisés sur le trottoir vous n’aurez plus le temps de réagir.


 Toujours trône la mascotte en peluche.
 Ici, sur la fontaine d'eau fraîche.

-    Oui, il y a une grande liberté de manœuvre, et il est souvent "inapproprié" de faire un détour jusqu'à la station officielle, vu l'heure. En contrepartie, ne perdez pas votre temps en détours vous non plus, vous pouvez prendre le car au vol, ou descendre à l’improviste. Nous n’avons pas tenté le coup, peu débrouillards pour deviner les itinéraires, et déjà contents d’être toujours montés finalement dans le bon véhicule.



-    Dans le car une fontaine d’eau fraîche, jamais à sec, est à votre disposition avec des gobelets jetables, pour boire ou pour peindre à l’aquarelle. Mais les toilettes sont par contre condamnées. Nous avons admiré le stoïcisme des enfants qui attendent un arrêt. Au milieu du trajet, vous aurez en effet droit à une pause dans un boui-boui ou un restaurant, et prendrez le temps d’un repas complet, car les parcours sont longs entre les villes.


Le boui-boui, en bord de route.

-    Alors vous vous distrairez en regardant un film en vidéo, et ce sera le même d’un car à l’autre pendant huit jours, si bien que vous finirez par comprendre l’intrigue et les peines de cœur qui pourraient paraître injustifiées au premier abord.
Nous sommes incollables sur « Les expulsés 2 » qui alterne scènes de guerre affreuses et franche pantalonnade. Nous attendons la version française pour saisir le lien qui les unit… Les actrices iraniennes sont toujours ravissantes, et survoltées bien que fort élégamment voilées d’un bout à l’autre.


Le chargement des bagages.

-    Des colporteurs ou des mendiants seront autorisés à monter un par un, lors de brefs arrêts, ou lors des contrôles de police systématiques pour lesquels le chauffeur s’éclipse en courant. Vous achèterez ainsi des bananes, des gâteaux secs, des boissons. Peut-être ferez-vous semblant de dormir.


 Ici, c'est un minibus, qui relie les villes sur les distances moyennes.

- A l’arrivée vous serez assaillis par une horde de taxis de toutes les couleurs, et votre fatigue vous fera perdre patience. Vous deviendrez radins, susceptibles et suspicieux. L’expérience que vous accumulerez n’aura aucun effet bénéfique, et vous finirez par redouter la sortie du car. D’autant que vous savez maintenant y avoir oublié « quelque chose ».


Et ici, c'est un arrêt de bus : vous y voyez trois touristes fatigués.
Le photographe serait-il plus tonique ?
Remarquez l'urne pour les déshérités et les martyrs.
Ces urnes pullulent en ville et en campagne et  ne sont pas symboliques,
elles reçoivent effectivement des oboles.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire