Transports sur la toile

Mail n°11, 3 juillet



Aujourd'hui, c’est transports en commun toute la journée.
Non, non ! Pas à moto (Je dis ça pour Yvon). Remarquez les sacoches qui passent facilement de l'âne au deux-roues.



Non, non ! Pas sur tracteur. C'est encore Yvon qui l'a choisi pourtant. Il connait toutes les marques et leurs couleurs spécifiques.

Alors, un peu de sérieux...

Mail n°11, C’EST NOUS LES ROUTARDS !

Aujourd'hui, c’est transports en commun toute la journée.

Départ pour Kermânchâh et les inscriptions de Behistoun-Bisotoun qui fondent l’Histoire Achéménide.
Et c'est effectivement très important pour l’identité iranienne, nous venons d’en avoir un témoignage, chez un marchand de pneus qui brandissait les cartes de l’Empire de Darius.
Non, nous n’avions pas grand besoin de pneus, mais ici, par quel hasard dites-moi, on se retrouve sans le vouloir à négocier des pneus, des tracteurs ou des sofas.
Donc, par chance et par savoir récent, je pouvais confirmer que l’Empire s’étendait bien de l’Indus à la Libye, et que Cyrus et Darius étaient, oui ! pharaons d’Egypte.
Mon expert en pneu était ravi. Mais non, pas  besoin de pneus, ni de voiture, nous on marche piadé piadé (en persan).
Et ça, c’est très très difficile à faire admettre, quand il y a des taxis.

Nous n’en voulions pas, des taxis.
Et ce ne fut pas facile, croyez-moi :
1 : héler une voiture au vol pour atteindre le terminal des minibus
2 : premier minibus gris pour faire 20 km
3 : deuxième minibus orange pour en faire 40
4 : troisième minibus bleu pour 50 autres
5 : vrai car pour 130 km
6 : voiture au vol pour 8 km

Eh bien, tout ça en huit heures : nous sommes bons pour Pékin Express.
Le premier conducteur nous a même fait une remise au récit de nos aventures.
Nous avons quand même eu de la chance car la soute du premier minibus était pleine de cambouis.
Le second était plein de passagers : Yvon a alors été placé d'office sur le siège de « l’intendant », avec l’intendant en place ! Et moi sur un petit tabouret de plastique au milieu du couloir, et j’ai eu les fesses tannées.
Le troisième nous a acceptés bien que nous soyons sales comme des poux à cause des sacs placés dans la soute du premier, et qu’il avait fallu endosser pour courir d’un minibus à l’autre. Il faut savoir que les minibus ne se côtoient pas forcément de près, sans qu’on en connaisse les raisons (du moins nous).
Bref, nous étions pleins de cambouis devant, derrière, en haut, en bas, car nous ne nous en étions pas méfiés, alors que nous nous étions pomponnés le matin même pour voyager en commun...
Pour le car, pas de problème !
Pour la seconde voiture prise au vol, le conducteur s’est tenu coi, et n’a pas renchéri sur notre offre (généreuse), car j’avais pris la précaution, après qu’il ait voulu me photographier, de lui dire que mes portraits étaient très cotés en France et que je lui ferai un prix.
Jusque là, rassure-vous, je n’avais aucune exigence de cette sorte, et je me contentais de dire que, oui, j'étais Brad Pitt. J’étais même dépité car personne ne connaît Brad Pitt ici.
Pourriez-pas me dénicher un nom d’acteur coréen de kung fu ?
Il y a quinze jours on me prenait pour japonais ! et hier pour coréen...
Je trouve qu’il y a quand même un certain décalage inconscient entre la réalité et la vision qu’en ont les iraniens.
Bref, en ville, je renonce au chapeau, aux lunettes, à l’appareil photo, j’ai un pantalon décent, je suis encore brun, barbu de trois jours, et le ventre plat, et quand même on me croit coréen ou belge, même muet !
Pourquoi ?

Et toujours, en tant qu’expert de mode parisien, on me demande ce que je pense du tchâdor.
Alors, je dis que oui, c’est très bien le tchâdor (prudence), d’autant qu’on peut le remplacer par le rou-sari noir ou coloré (petite réticence ?), mais pourquoi les garçons ont-ils, eux, le droit de s’attifer, de soigner exagérément leur apparence à leur guise comme ça ? (Sent-on poindre un soupçon de critique ?).



Vous n’imaginez pas les minets de banlieue que c’est : tous gélifiés, dessinés, moulés, biceps apparents et cils exubérants quand ce n’est pas maquillés, et en plus ils veulent acheter ma chemise que j’ai piquée à Tanguy.
Dommage, j’ai pas vingt ans avenue Zand à Shiraz !




Quoi d’autre ?
A plus tard,                   Pierre

1 commentaire:

  1. Ce voyage est une vraie incursion dans l'univers de la mode !
    Il y eu Pierre en tenue de bâkhtiari, Pierre en pantalon troué, rafistolé. A cette occasion, tu nous a rappelé nos ancêtres les braies et j'ai rhabillé (mentalement) tout mon entourage masculin de la sorte, voilà qui a égayé ma journée.
    Pour ce 3 juillet, je choisis, sur la photo, la chemise noire à petits clous d'argent, je t'affuble de la même coiffure que ci-dessus et ainsi apprêté, peut-être aurais-tu eu le droit au respect, celui de voyager sur un siège plus rembourré que ce tabouret de plastique...

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